Article original paru sur Iandé.
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En 2017, le photographe Ale Ruaro a lancé sa série «Portraits de la photographie brésilienne». Depuis, il a photographié plus de 300 personnes, dont des photographes, des conservateurs, des éditeurs et des collectionneurs de photos. L’ensemble de ces images constitue une ode très importante à la mémoire et c’est un bel hommage à l’histoire de la photographie brésilienne et à ceux qui se consacrent à cet art. Même s’il manque un peu de diversité, avec plus de photographes indigènes et des régions plus lointaines et périphériques du territoire brésilien. Mais Ruaro est toujours en cours avec cette série, et nous montre de plus en plus une variété.
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Comme l’incroyable Maureen Bisilliat qui s’installe définitivement au Brésil en 1957 et construit une solide carrière photographique (Maureen vient d’avoir 90 ans en 2020).
Sur ses portraits, Ale Ruaro travaille toujours en noir et blanc. Utilisant la lumière naturelle et les éléments du quotidien de ses sujets, il entre dans l’univers de chacun d’eux. Lumière bien marquée, avec des textures apparentes, Ruaro a un langage particulier qu’il définit lui-même comme une photographie de personnes contemporaines avec le regard doux, sensible et solidaire d’un artiste du 17ème siècle. Mais cliquer des photographes est un défi encore plus difficile : comment révéler la personne et le photographe au-delà du personnage?
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©Ale Ruaro, Milton Guran
Le portrait a toujours été étroitement lié à l’histoire de la photographie. Nous avons des vieux exemples qui datent de la découverte de la photographie, comme des images d’expéditions dans le «nouveau monde», le développement de la photographie policière (notamment les études criminalistes de Cesare Lombroso), ensuite les cartes de visite et les albums de famille du XIXe siècle, aux selfies actuels sur Internet.
Mais en quoi consiste un bon portrait?
Serait-ce un portrait qui montrerait l’âme du sujet, sa vraie personnalité? Ou qui capturerait une sorte de moment décisif de l’âme? Aurait-il un portrait vraiment authentique? Il est intéressant de noter que cet univers du portrait en photographie a toujours joué avec les apparences, les poses et la vraisemblance. Le portrait a toujours eu cette limite : entre l’authentique et la représentation. Même les portraits d’identité, ou les portraits scientifiques, mettent également en scène, mais à l’inverse : avec un manque extrême de ressources, conduisant à une perte d’authenticité.
L’une des grandes forces du portrait, ou du moins l’une des causes de notre grande fascination, est le lien avec la personne photographiée. Nous n’avons pas de paysage, ni de détail commun, nous avons les yeux de l’autre devant nous. Et dans ce cas, ce sont des regards attentifs et puissants de personnes qui ont raconté et racontent encore aujourd’hui, visuellement, l’histoire de notre pays et de notre peuple.
Alê Ruaro travaille depuis longtemps avec le portrait. En 2011 il a réalisé une série intitulée «Naked Friends» de portraits d’amis nus. Même ses séries les plus documentaires telles que « Hotel Ruby » et « BDSM » apportent des portraits saisissants. Dans «Portraits de la photographie brésilienne», l’artiste, comme il le commente, a voulu montrer la fragilité de ceux qui sont toujours derrière l’objectif. Le résultat est un dialogue constructif entre deux photographes.
Est ce que vous connaissez toutes ses personalités du monde photographique brésilien?
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